En janvier 2013, après avoir été soigné durant 6 mois pour un cancer du sein, j’ai ressenti le besoin de prendre un mois loin de la vie parisienne et de la pollution pour me détoxifier des produits du traitement, pour reprendre possession de mon corps et décanter la maladie.
J’y ai fait la rencontre d’une yogi et chamane, Lindsey Wise, avec laquelle j’ai suivi un rythme quotidien de yoga : des sessions d’1h30 chaque matin. Son enseignement était traditionnel, précis et extrêmement réparateur. Elle a réussi à me faire comprendre l’essence même du yoga : à savoir un outil spectaculaire pour entretenir le corps.
Le yoga soigne. La méditation gère le système nerveux central. Le souffle oxygène chacune de nos cellules à travers le sang. Le sang représente la sève du corps humain et est le plus grand messager de la réparation.
La pratique du yoga doit se faire dans la qualité des postures et non pas dans leur quantité. De même que la pratique doit se faire dans des vêtements légers, amples et confortables pour permettre au prana de circuler. Malheureusement, en Europe, le yoga a remplacé le fitness et ce n’est pas avec un 200hrs YTT qu’on est apte à enseigner à des élèves. Une fois de plus, notre société veut aller vite, on veut devenir des pros en 5 minutes sans se rendre compte qu’on manque de respecter face à la pratique en réfléchissant de cette manière.
Ce premier apprentissage de Hatha a beaucoup tourné autour du Yin Yoga. Se disent Yin toutes les postures au sol et maintenues au minimum 5 minutes, jusqu’à parfois 10 ou 15 minutes. C’est quand le corps arrête d’être dans la résistance que les postures s’approfondissent.
Tous les soirs, j’allais au centre Radiantly Alive, de Ubud, pour pratiquer et découvrir tous les styles de yoga qui s’offraient à moi. Mine de rien, cela m’a déjà fait une pratique de 4h par jour pendant 1 mois, qui venait d’activer une profonde réparation alors que je sortais de 4 mois de chimiothérapie ! Au fur et à mesure des jours, je sentais mon corps, mon mental et mon esprit se transformer, avec la sensation de vivre une seconde naissance. Je voyais plus clair, mon corps redevenait souple et libre. Plus le corps devient souple, plus le mental devient flexible. La pratique nécessite également d’adopter une alimentation en cohérence avec soi-même, et connaître son propre
dosha.
Souvent, l’enseignant a un pouvoir de transmettre sa passion et l’intelligence de la pratique. Si mes professeurs n’avaient pas eu l’art d’enseigner le yoga, je ne serais peut-être jamais rentré dans cette pratique il y a 10 ans.
Alors que ma mastectomie datait de 2 ans, je commençais à envisager une reconstruction et je suis allée voir mon chirurgien pour en discuter. Le « problème » est que ces deux années m’ont permis de m’aimer telle que je suis et de récupérer complétement, tant au niveau de ma cicatrice que des autres systèmes. En rentrant de Bali, je m’étais offert une professeure de yoga en cours particulier, à la maison, afin de bien comprendre et de poursuivre l’approfondissement des postures à mon rythme. En septembre, je me suis inscrite dans un studio parisien avec la ferme intention de pratiquer une heure par jour et tous les styles de yoga. Le dernier rendez-vous, 15 jours avant l’opération (pour laquelle j’avais prévu 5 semaines de repos), j’avais rendez-vous chez l’anesthésiste. Celui-ci me voit arriver dans son cabinet en pleine forme et me dit « vous savez Chantal, la plupart du temps, on pratique la reconstruction pour que les femmes se sentent mieux ! Mais vous, vous êtes au top ! Est-ce que vous êtes sure de vouloir ponctuer l’année prochaine par 3 opérations tous les 4 mois ? ». La messe était dite : il m’avait donné la clé pour ce qui allait suivre. De là, je suis retournée au cabinet avec la ferme intention de réaliser mon rêve : partir en Inde pour vivre mon premier 200hrs YTT. Je trouve alors une formation selon le Swami Shivananda : 1 billet d’avion, 1 visa en express, et c’était parti ! Je me souviens du jour où j’ai claqué la porte de l’appartement pour aller à l’aéroport : je me suis promise de vivre à fond chaque minute du reste de ma vie, avec la ferme intention de la prolonger au maximum dans la meilleure santé et le meilleur équilibre possible.
Cette formation a été la première d’une longue série puisque j’ai plaisir aujourd’hui à partir régulièrement pour effectuer des 300hrs dans des écoles indiennes, tous les ans et demi.